10 September 2010
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La victoire rien que la victoire

lewis-hamilton-victoire-canada-2007La victoire est devenue aujourd’hui le maitre mot de notre société. Plus de défaite envisageable, plus de perdant, seul les vainqueurs et les forts semblent avoir désormais droit de cité. Un constat certes quelque peu général mais qui trouve son écho dans le sport à tel point qu’il est bon de réfléchir sur l’image véhiculée par des disciplines comme le football, le cyclisme ou encore la Formule 1. Le sport comme reflet de notre société en crise mais surtout de notre mode de vie et de nos relations sociales.

Les derniers évènements sportifs doivent en ce sens alerter nos consciences et il est de bon ton de remettre en question nos rapports à la victoire, à la performance et au gain, puis de mettre tout cela dans la balance et voir ce qui pour nous à le plus de valeur, l’humain ou la gloire, la vérité où l’apparence, la rage de vaincre ou la vie toute nue.

victoire-footL’épopée des bleus en coupe du monde en Afrique du sud symbolise à elle seule l’esprit malsain qui s’immisce dans notre quotidien. Certes les joueurs de l’équipe de France de Football n’ont pas été brillants, certes des choix sportifs n’ont pas été les plus judicieux de la part de certains responsables comme Raymond Domenech ou Jean Pierre Escalettes, mais plutôt que de faire naitre la polémique et de s’attarder sur d’éventuels coupables , sur ceux qui ont échoué et qui doivent absolument être punis, ne pouvons-nous pas accepter la défaite ? Perdre, n’est-ce pas envisageable ?Il semble que le vrai problème de cette coupe du monde de Football soit l’échec, nous en convenons tous, mais n’est-ce pas surtout le refus de cet échec. Car oui, l’homme peut perdre, l’homme doit parfois perdre et c’est ainsi. Peu importe les causes, peu importe les responsables du fiasco, la défaite est présente et nous ramène à la réalité de l’existence et à son implacable jugement.

alonso_hamiltonAutre sport même constat, à Valence en Espagne lors du Grand Prix de Formule 1 d’Europe, une controverse à opposé le pilote McLaren Lewis Hamilton à Fernando Alonso (Ferrari). Alors que le britannique assoiffé de victoires a pris le risque d’enfreindre le règlement en effectuant un dépassement en course sur la voiture de sécurité, Alonso a préféré rester bien sage et ne pas jouer avec les règles. Hamilton est sorti gagnant de cette affaire puisque malgré une pénalité, il est parvenu à conserver sa deuxième position. Alonso a quant à lui terminé loin derrière criant immédiatement à l’injustice et à la manipulation. Une fois encore on se rend compte que la défaite est inacceptable et ce malgré l’application du règlement. La victoire devait ainsi revenir à celui qui avait eu un comportement rationnel, logique et qui avait obéi au règles. Mais ce ne fut pas le cas justifiant ainsi une contre performance non méritée. Celui qui gagne c’est ici celui qui triche et cela doit être suffisant pour faire de la performance de Lewis Hamilton plus qu’un échec. Alonso a perdu , mais il a conservé dans l’esprit l’avantage. Un constat bien loin de l’exigence de résultat, des chiffres et des faits concrets qui rythment ce sport désormais.

La rage de vaincre a donc pris le dessus sur la réalité, aveuglant de plus en plus les sportifs et leur supporter. Jouer n’est pas forcément gagner, vaincre n’est pas forcément triompher. Les gloires doivent rester modeste et les défaites nobles, car si l’on en vient à détester les perdants c’est la compétition qu’on renie et c’est l’essence même du sport qui en souffre le plus.

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